vendredi 11 décembre 2015

Bilan du Chili

Hola los amigos !

Voici l'heure de notre antépénultième bilan, celui du pays dans lequel nous aurons finalement passé le plus de temps, le Chili.


Tout d'abord, quelques comparaisons géographiques s'imposent pour illustrer la taille de ce pays filiforme. Parce que les kilomètres c'est bien beau, mais au-delà de 2000km, à part dire que c'est très grand, on ne se rend pas compte de grand chose. Alors en gros la distance entre Arica, tout au nord du Chili, et Puerto Williams au sud de la Patagonie, équivaut à un Lisbonne-Moscou ou encore un Stockholm-Dakar ! Vous vous rendez mieux compte maintenant ? Nous, ça nous permet de mieux comprendre pourquoi nous avons passé tant d'heures dans les bus en un mois et demi en allant pourtant toujours dans la même direction, le sud !

Alors de fait, un pays si allongé du nord au sud, implique forcément l'existence de régions et de climats très variés. Sachant que nous voulions passer du temps en Patagonie (nous étions sur place à la période idéale pour visiter ces immensités) nous avons dû cibler et limiter les escales dans le nord du pays. La région de San Pedro de Atacama et du désert du même nom (nord du pays) est l'une des plus arides au monde, tandis que la Patagonie est très humide... 
Dans le désert d'Atacama, nous avons prolongé le plaisir des paysages arides du Sud Lipez bolivien. Nous avons fait l'impasse sur d'autres localités du nord, préférant rejoindre directement Valparaiso, pour quelques jours sans poussière, en bord de mer, à profiter de la palette de couleurs qu'offre cette ville. Puis la visite de la région des volcans s'est résumée à Pucon et à Puerto Varas, où les cônes parfaits nous auront fait l'honneur de se dévoiler sous leur belle parure de fin d'hiver, et au soleil ! Ensuite nous avons mis rapidement le cap sur la Patagonie, en traversant l'île de Chiloé et une partie de la Carretera Austral. Nous savions que les transports et la météo seraient les deux principales inconnues avec lesquelles nous devrions composer pour découvrir cette région chilienne. 
L'aventure et les surprises ont été à la hauteur de nos attentes : grands paysages sauvages, densité de population très faible, et finalement de très belles surprises côté météo. Sans oublier cet itinéraire improbable pour rejoindre l'Argentine... Et, pour terminer, le parc de Torres del Paine et ses tours majestueuses nous a enchantés. Le Chili a donc plus d'un tour dans son sac pour surprendre et séduire ses visiteurs !

La population chilienne est plutôt faible par rapport à la taille du pays : 17 millions d'habitants. Mais elle se répartit de manière inégale, se concentrant en majeure partie à Santiago et ses alentours. Le nord du pays, désert et aride, présente d'importantes mines de cuivre (50% de la consommation mondiale de cuivre proviendrait du Chili). En conséquence, une population de mineurs, majoritairement masculine s'est installée dans des villes comme Calama, une ville considérée comme l'une des moins sûres du pays. À l'opposé géographiquement, la Patagonie, plus difficile d'accès, mais non moins hostile, est une région très peu peuplée.

Le coût de la vie au Chili étant plus élevé qu'en Bolivie, au Pérou ou encore en Colombie, nous avons dû changer notre mode d'hébergement : finis les hôtels, nous avons pris le rythme de dormir chez l'habitant. En effet il est très courant de voir écrit sur la porte des maisons des particuliers "hospedaje", ce qui signifie que les habitants proposent au moins une chambre à la location chez eux, cuisine et salle de bain étant à partager. Ceci est particulièrement courant et apporte un revenu supplémentaire facile, qu'aucune loi n'encadre sérieusement, ou du moins les contrôles semblent inexistants. Ces hébergements semblent proliférer à vue d’œil dans les zones touristiques, mettant sans doute à mal le réseau hôtelier.
Nous avons par ce biais pu côtoyer tous les jours ou presque une famille différente, et avons donc beaucoup échangé et appris avec les locaux. Derrière leurs airs rustres au premier abord, une fois la première demi-heure passée et la confiance installée, les Chiliens se sont révélés bavards, bien sympathiques et accueillants. Nous étions un peu frustrés en Bolivie et au Pérou sur ce point, nous avons été complètement satisfaits ici.

Globalement, les habitations chiliennes sont sommaires et bien peu robustes. Les fondations sont souvent faites de vulgaires parpaings posés à même le sol, sur lesquels repose une charpente en allumettes. Un peu de contreplaqué pour les murs et le tour est joué. L'isolation étant inexistante ou presque, les poêles à bois tournent à plein régime dans le sud. Dans ces régions, le bois représente un combustible facile et peu onéreux voire gratuit. A voir toutes ces bûches brûler, on se pose forcément la question de la pollution engendrée. Mais ces préoccupations ne semblent absolument pas au goût du jour par ici, en tous cas dans les zones peu denses telles que la Patagonie. A l'inverse Santiago est une ville qui a la réputation d'être très polluée mais principalement à cause de la circulation routière. 

Le Chili est le pays le plus sismique au monde, mais nous n'aurons pas ressenti la moindre secousse. Ces habitations sommaires présentent au moins l'avantage d'être reconstruites rapidement en cas de tremblement... Enfin c'est bien le seul avantage que l'on ait trouvé, ou imaginé.

Relisez l'article "La face cachée de la Carretera Austal" pour tous les enjeux actuels qui pèsent sur l'avenir de la Patagonie.

Côté météo, on nous avait prévenus : en Patagonie, il pleut, il pleut énormément, il y a du vent, ça souffle comme nulle part ailleurs, et du froid, un froid humide qui vous glace les os... Sortez doudoune, goretex, sur-pantalon, bonnet... Un petit détail vaut d'être souligné pour illustrer le climat humide du sud du Chili. Une île au sud de Chiloé, Melinka, est sans doute un des endroits où il pleut le plus au monde : 8m d'eau par an ! À titre de comparaison, à Paris il pleut en moyenne 70 à 80cm d'eau par an...
Bon, nous ne vous cacherons pas que nous avons eu quelques moments de doute avant de s'y rendre. Allons-nous réellement passer plusieurs semaines en Patagonie? Il nous semblait dommage de ne pas tenter le coup, surtout que nous étions présents au Chili à la bonne période pour visiter l'extrême sud (novembre à mars) ! Alors l'adage qui dit que la chance sourit aux audacieux a pris ici tout son sens. Nous n'allons pas vous dire que nous avons eu grand beau pendant un mois, non, mais presque. Entendre les Patagons dire qu'il fait chaud, que c'est sec et qu'ils attendent la pluie illustre bien la chance que nous avons eue. Chaque zone visitée était au moins accompagnée d'une journée parfaitement ensoleillée, alors nous avons profité au maximum de cette grande chance ! D'où le retard sur le blog... :-)

Côté surnoms, les Chiliens nous auront bien fait rigoler: "Gordito" et "Gordita" tiennent le haut du classement. Grosso modo, ça veut dire le p'tit gros et la p'tite grosse. Il n'est pas rare de voir un parent appeler sa fille "mi gordita". Ou encore un Chilien désigner quelqu'un : "el gordito aya", traduisez "le p'tit gros là bas". Nous l'entendions déjà depuis la Colombie, mais ici cette appellation est devenue très fréquente.
Bon, évidemment, ça n'aura pas été notre surnom, mais nous n'avons rien perdu au change puisque à l'inverse, Vincent s'est vu appelé "Flaquito" ! Ce qui serait l'équivalent de notre maigrichon, ou même "flaquitito", le petit maigrichon... Vincent a justement demandé à la gordita en question ce qui lui valait ce surnom apparemment adéquat, et elle a répondu spontanément : "Ben oui toi tu n'es pas chilien, il n'y a pas de doute. Ici on mange des patates alors on est tous tout petit et gros. Toi, tu es grand et tout fin, alors tu es un flaquito !" :-)

Au chapitre gastronomie, nous avons beaucoup cuisiné, heureux de pouvoir remettre le tablier et de pouvoir manger ce que nous souhaitions. Néanmoins quelques plats typiques sont à mentionner. Le completo : sorte de hot-dog surmonté d'avocat écrasé, de morceaux de tomates et de sauces en tous genres est le sandwich classique du midi avec les habituels empanadas. Nous avons découvert des "sauces" maison délicieuses : petits morceaux de tomates coupés finement, oignons, citron, huile et surtout coriandre à foison. Le mélange est très frais, c'est un régal ! Dans le sud, l'asado est une vraie tradition, vous vous souvenez, ce sont ces gros méchouis où les carcasses de viande cuisent lentement sur un tapis de braises. Hummmm fameux ! Les vins chiliens sont plutôt sympathiques : les cépages classiques sont le Merlot, le Malbec, et le Carménère, ce dernier ayant disparu d'Europe, dévasté par un parasite. Aujourd'hui, il ne se trouve plus qu'au Chili. 
Enfin côté sucrerie, le dulce de leche, sorte de confiture de lait bien caramélisée, est l'incontournable gourmandise locale ! À tartiner, fourré dans les pâtisseries ou à manger à la petite cuillère, il se déguste à tout moment sans faim... Sans oublier les alfajores pour terminer : dulce de leche coincé entre deux sablés, le tout drapé de chocolat ! Miam ! :-P



Bref le Chili, ce pays si étendu regorge de merveilles, ne peut se visiter entièrement en une seule fois. Nous ne nous attendions pas à être autant séduits par ce long bout de terre mais l'accueil des locaux aura sans doute énormément compté.

La bise chilienne !
(une seule ici aussi, à droite...)

1 commentaire:

  1. Bienvenidos a Francia!
    Toujours aussi bon de voyager en pensées!
    Ces derniers jours, je vous imaginais dans les avions et les aéroports, à terminer l'écriture du blog...
    Bises et bon retour

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